lundi 16 septembre 2019

L’origine de l’école #2

De Charlemagne à la Renaissance : les balbutiements de l’école pour tous

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Après la chute de l’Empire romain en 476, l’école tombe largement en déshérence et les lieux d’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul se font désormais très rares. Les élites religieuses ou politiques sont souvent illettrées, Charlemagne lui-même est analphabète. S’il n’a pas inventé l’école, suivant des motivations politiques ici encore, il prend conscience de l’importance de confier l’administration de son empire à des instruits afin de renforcer le pouvoir royal et de répandre la foi chrétienne.

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En 782, il ouvre dans son palais à Aix-la-Chapelle, l’école palatine qui accueille des élèves issus de la noblesse et du peuple pour en faire un modèle dans tout le royaume. Il souhaite qu’on étende l’enseignement à l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, l’histoire naturelle, la grammaire, la dialectique et la rhétorique, le latin et le grec, le chant, la musique, et bien sûr, les fondements de la religion. Il proclame en 789 : « Qu’on rassemble les fils de condition modeste et les fils bien nés. Qu’on établisse des écoles pour l’instruction des garçons. Que dans chaque monastère on enseigne les psaumes, les notes, le chant, le comput, la grammaire, et qu’on dispose de livres bien corrigés. »

Il veut rendre l’enseignement accessible au plus grand nombre et exige du clergé la création d’écoles tenues par des abbés, dans toutes les villes et les campagnes, pour y apprendre la lecture, l’écriture et le calcul aux enfants pauvres. On peut lire dans l’article 20 du capitulaire de Théodulf [1] :
« Que les prêtres tiennent des écoles dans les bourgs et les campagnes ; et si quelqu’un des fidèles veut leur confier ses petits enfants pour leur faire étudier les lettres, qu’ils ne refusent point de les recevoir et de les instruire, mais qu’au contraire ils les enseignent avec une parfaite charité, se souvenant qu’il a été écrit : Ceux qui auront été savants brilleront comme les feux du firmament, et ceux qui en auront instruit plusieurs dans la voie de la justice luiront comme des étoiles dans toute l’éternité. Et qu’en instruisant les enfants, ils n’exigent pour cela aucun prix, et ne reçoivent rien, excepté ce que les parents leur offriront volontairement et par affection. »

Au XIIe siècle, les écoles monastiques laissent peu à peu place aux premières universités, comme l’université de Paris reconnue par Philippe Auguste en 1200 et par le pape Innocent III en 1215, où l’on y enseigne le droit, la médecine, l’art et la théologie. Mais si ces écoles sont encouragées par le pouvoir royal, ni leur organisation ni leur financement ne sont assurés, ce qui limite toujours conséquemment l’accès à l’enseignement.

Jusqu’à la renaissance, l’enseignement ne concerne en réalité qu’une très faible part de la population, issue de la noblesse et de la grande bourgeoisie, et essentiellement masculine. L’invention de l’imprimerie en 1454 permet de diffuser quelque peu le savoir mais le coût de l’enseignement freine toujours l’accès au plus grand nombre.

< Première partie : Les grandes civilisations : les tous premiers enseignements
> Troisième partie : Des Lumières à aujourd’hui, un long chemin vers l’enseignement obligatoire, laïc et gratuit.

La Libellule


[1Théodulf d’Orléans, en latin Theodulfus Aurelianensis, (755-821) était un homme d’Église et un lettré de l’époque carolingienne, conseiller de Charlemagne et protagoniste de la « Renaissance carolingienne ». Il fut nommé évêque d’Orléans en 775 et abbé de Fleury en 781, il travailla à la réforme du clergé pour lequel il rédigea des Capitulaires en 46 articles.