La genèse d’un centre commercial bioclimatique

Les prémices

Inauguré en mars 2016, ce projet est parti d’une démarche personnelle mais sa construction s’est faite sur plusieurs années et plusieurs rencontres qui m’ont permis de mettre en application des convictions personnelles sur un projet commercial. Il fallait avant tout considérer le fait d’être sur une zone naturelle sensible, à proximité d’une zone de marais classée Natura 2000 qui impliquait un certain nombre d’attentions. Balnéaire, ce territoire très proche de la nature comporte également de grandes zones de marais, de forêts, de dunes… des espaces naturels importants plutôt bien préservés. D’un point de vue plus intime, j’y très attaché car j’y vis depuis mes 10 ans. Je l’apprécie et le respecte profondément, aussi je tenais à ce que le projet intègre complètement ces notions de développement durable et de respect de l’environnement. La question de fond était : « comment associer un projet économique et un environnement naturel ? » C’était le point de départ essentiel de la philosophie du projet des Sentiers du Marais.

Je me rappelle de la création du nom « Les Sentiers du Marais » qui a fait l’objet d’un long débat, avec la crainte que le marais ne soit pas une notion assez positive, trop rurale et pas assez dynamique, avec une image associée aux « pieds dans la boue ». Je salue ce nom aujourd’hui, je pense que c’est une vraie valeur identitaire et que s’y promener à vélo est une immersion totale dans de magnifiques paysages.

La faune et la flore

En premier lieu, il a fallut trouver des solutions qui permettent de respecter au mieux cet environnement, en commençant par la reconstitution des mares et la mise en place de parkings filtrants, avec un parking paysager qui respecte les éléments naturels, au niveau de la faune comme de la flore.
Pour un résultat optimal, nous avons d’abord dû supprimer les plantes invasives comme les baccharis et la jussie, avec suivi et traçabilité, puis nous avons contrôlé les populations de nuisibles comme les écrevisses et les ragondins qui ravagent tout. On parle bien ici de surabondance d’espèces importées accidentellement, qui se sont développées au point de devenir nuisibles. Les ragondins trouent les berges et les déstabilisent, tandis que les écrevisses mangent tout. Une société d’ingénierie environnementale vient tous les 3 mois sur le site pour vérifier qu’invasifs et nuisibles n’ont pas repris le dessus. Ils fournissent un rapport d’évolution de la faune, de la flore et de la qualité des eaux que nous transmettons au service de l’État, avec un engagement et une obligation de la tenue de cet ensemble sur 10 ans.

Le bâtiment

L’autre objectif était de travailler l’aménagement du bâtiment dans le sens du bien-être et nous avons fait appel à des sociétés spécialisées : le principal défi était d’obtenir une impression de bien-être sans que ça se voit. Nous sommes parvenus à créer un univers de grande surface beaucoup moins agressif, avec des gondoles moins hautes, un plafond plus bas, et un dallage 3 couleurs qui donne un caractère particulier. Le choix des couleurs sur la base d’un gris taupe donne un côté plutôt chaleureux. Le plus important, c’est que l’ensemble soit harmonieux.

J’ai aussi voulu que la lumière soit traversante dans les boutiques et que les produits soient naturellement mis en avant, avec les contraintes que ça implique. Une grande façade vitrée offre en permanence une lumière non-agressive : à aucun moment le soleil n’entre à l’intérieur ; seule la lumière pénètre. La paroi côté sud et les sheds sont en danpalon – un plexiglass qui laisse passer la lumière naturelle sans les inconvénients du verre qui lui, reflète la lumière avec un effet miroir qui accentue la chaleur. Partout où vous êtes dans le magasin, vous voyez cette lumière naturelle et je pense que c’est la grande richesse de ce site.

Ensuite, il a fallut penser les équipements, mais ce sera le sujet de la semaine prochaine…